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lundi 26 décembre 2011

Toutazimut se refait une beauté!


Ouffffff… On le voit arriver mais on veut pas l’voir, on sait qu’on « est dû » mais on ferme les yeux,  on veut rien savoir, on remet à demain, on sait qu’on va en suer un coup et que ça va coûter cher. Le carénage étant une épreuve, il demande une bonne préparation mentale.  Et viens le grand jour où prêt, pas prêt, on doit prendre son courage à deux main et affronter la bête, le jour ou il faut faire ce qu’il faut faire : CARRRRÉNER!  J’exagère à peine…  Si vous avez bien lu entre les lignes, vous aurez compris que j’appréhende toujours ce moment exaltant!
Mais qu’est-ce que le carénage?  Une révision générale du bateau qui correspond à une sortie de l’eau du et un court séjour en chantier de 3 jours pour certains élus (les gagnants à la loterie), mais généralement un plus ou moins long séjour pour les autres.  Et nous,  comme beaucoup de navigateurs, on fait partie des autres, pour le moment du moins.  Donc, on carène pour y refaire l’antifooling (la peinture de la partie de la coque qui est sous l’eau) afin de ne pas voyager avec d’indésirables passagers tel que : algues, coquillages, crustacés, etc.  L’antifooling protège la carène, la garde lisse et exempte d’intrus (du moins les premiers 6 mois) afin de bien glisser dans l’eau lors de la navigation.  Un peu comme le nageur ou le cycliste qui se rase, comme le skieur qui porte son maillot près du corps tel une deuxième peau, bref, vous saisissez sûrement, c’est une question de bonne santé de la coque et « d’aéreaudynamie ».


On se prépare pour la sortie de l'eau

On soulève Toutazimut

Le nettoyage à pression de la carène

En route vers notre place au chantier

C'est partit, on travaille sans relâche


Je disais donc que l’antifooling prend environ 3 jours : le premier jour au chantier, on sort de l’eau, on gratte la carène pour enlever les ‘’intrus’’, on lave à pression et si il reste du temps, on passe la ponceuse afin de la préparer à recevoir la peinture antifooling.  Le 2e jour on termine le ponçage et donne la première couche de peinture. Le 3e jour on applique la dernière couche et hop, on retourne à l’eau.  Ça, c’est pour les chanceux si vous vous rappelez, on dirait presque un séjour en camps de vacance.  Pour les autres, c’est le début d’une multitude de petits ou/et gros travaux à faire.  Et la liste peut être longue… 

Notre appartement


Notre liste cette année est suffisamment respectable pour justifier à nouveau la location d’un appartement.  On dégote à petit prix un charmant rez-de-chaussée. Situé à vingt minutes de marche, tout équipé, salon, cuisine et grande galerie avec vue sur manguier et bananier. N’y manque que l’air climatisé. Mais nous ne sommes pas seuls : armée de fourmis envahissantes sur le comptoir de cuisine, petits cadeaux laissés par les souris sur le parquet de la salle à manger, et escadrille de moustiques piqueurs qui passent à l’attaque pendant notre sommeil, l’exotisme à son meilleur.  Pas grave; on a un frigo, un poêle à gaz qui fonctionne à moitié, une douche, deux ventilateurs et surtout l’accès à une laveuse à linge!  Ha oui, j’oubliais notre comité d’accueil de quatre chiens…  toujours heureux de nous voir ceux là!

C’est donc à Sainte-Lucie que nous entreprenons notre carénage annuel. On a un Toutazimut qui a l’âge de mon fils Jessie, soit 26 ans.  Je vous entends d’ici : c’est tout jeune et en excellente santé à 26 ans… j’y retournerais bien moi à cet âge!  Juste quelque fois… je suis d’accord mais pas quand il s’agit d’un bateau, qui de plus a été très négligé avant qu’on l’adopte…  Il a besoin de beaucoup, beaucoup d’amour et d’entretien.  Pensez à une antique petite ville  flottante qui gère ses égouts, son aqueduc et son électricité.  Pour une panne électrique, ce n’est pas la peine de téléphoner Hydro-Québec si vous voyez ce que je veux dire!  Nous sommes totalement autonomes, et cela évidemment, comporte d’excellents côtés, mais il y a le revers de la médaille, l’envers de la tapisserie comme on dit.  Car c’est aussi en toute autonomie que nous effectuons la majorité des travaux d’entretien et de réparation, il faut donc s’improviser électricien, mécanicien, plombier, ébéniste et j’en passe…


L'accès au moteur demande de la souplesse!

Enfin rendu au moteur...


Grosso modo, voici  une liste des travaux importants de cette année: refaire en partie le puits à chaîne car son plancher est pourri (l’eau ne s’égoutte pas bien),  c’est très important que le tout soit bien solide car c’est là qu’est logé le guideau  (appareil pour lever l’ancre) ainsi que la chaîne de l’ancre, tout ce qu’il y a de plus léger quoi!   - Refaire le gelcoat le long de la ligne d’eau et réparer les divers dommages, égratignures, éraflures sur la coque.   -Installer une plateforme à l’arrière du bateau (pour se faire, on doit d’abord changer l’échelle de place).  -Changer le passe-coque de la salle de bain avant.  – Refaire la partie du safran qui est pourrie.  Etc.
Pour le puits à chaîne, il a fallu couper  et retirer le bois pourri, le remplacer, envelopper de fibre de verre  les nouveaux morceaux de bois et recouvrir le tout en gelcoat.  Comme il pleut tous les jours, nous avons dû nous improviser une petite tente en utilisant notre trinquette (voile) pour nous faire un abri et empêcher l’eau d’y pénétrer.  Petite parenthèse: pas de pluie sous la tente mais aussi, pas d’aération et les vapeurs des produits chimiques produisent des effets hummm… délirants si on peut dire… Mais gardons le focus, nous avons maintenant un puits d’ancre qui s’égoutte bien, qui est solide et qui est tout blanc comme un neuf!


Guy dans le puit de chaîne

Pose du contre-plaqué

Pose du fibre de verre sous la "tente"

Touche finale: on enduit de gel-coat


Mon capitaine avec son habilité légendaire et sa débrouillardise en a impressionné plus d’un quand il s’est mis à travailler sur le safran… Fallait voir les gars du chantier qui sont venus le féliciter!  Opération à cœur ouvert : Guy a dû le couper en deux, le rebâtir avec plusieurs couches de contreplaqué, sculpter le bois avec sa ponceuse pour lui redonner son apparence initiale et l’enduire de plusieurs couches d’époxy pour le protéger et lui donner sa forme finale.  Nous avons également enrobé le safran d’un apprêt protecteur qui, on espère, empêchera l’eau de mer d’y pénétrer à nouveau.  Une vraie beauté dans son genre! Ne restera que quelques couches d’antifooling à ajouter avant la mise à l’eau.


Guy et Alain préparent le contre-plaqué pour le safran

Collage du contre-plaqué sur le safran
Ponçage final, prêt pour recevoir l'antifooling!


Le passe-coque de la salle de bain nous a donné du fil à retordre, mais avec l’aide d’un copain, de quelques jurons bien placés et de beaucoup de patience, les gars on gagné et nous avons de nouveau un passe-coque bien étanche!  Et moi dans tout ça?  Hé bien, en unique collaboratrice la majorité du temps, je prépare, je mixe, ponce, peinture, je cours chercher ce qui manque,  fais les courses, la bouffe, la vaisselle, les photos, je mélange les produits chimiques, bref, telle une infirmière qui aide son chirurgien, j’assiste du mieux que je peux afin de minimiser notre temps au chantier!
Enfin, il ne reste plus que le ponçage de la carène avant d’y appliquer notre première couche d’antifooling, signe évident que la fin des travaux approche!  Deux couches de peinture plus tard et c’est un nouveau Toutazimut en pleine forme qui est bientôt prêt à retourner à l’eau.   Les échafauds sont en poste pour appliquer la cire et procéder au polissage afin de protéger le gelcoat, et tant qu’à les avoir (les échafauds), on décide d’ajouter une jolie touche du genre : petite ligne bleue en haut de la coque…  Il n’y a rien comme les travaux d’embellissement pour remonter le moral! L’effet est immédiat.


Peinture antifooling

Application de la cire et pose d'une petite ligne bleue
sur la coque
Ajout d'une plate-forme à l'arrière

Complètement fourbus mais satisfaits et fiers de notre travail, on célèbre la fin du carénage par un délicieux repas au resto de la marina. Les travaux auront pris 18 jours ininterrompus avec lever du corps à 5h30 et retour vers 18h00.  Ce fut un carénage arrosé ou il a plut tous les jours,  et souvent plusieurs fois par jour pour nous rendre la tâche on ne peut plus compliqué.
 Mais il est beau notre voilier et on a bien hâte de quitter nos ti-zamis de l’appartement pour nous retrouver à bord.  Le reste pourra toujours se faire tranquillement à l’ancre entre ciel et mer!  Pas si pire le travail quand on a un atelier avec vue sur la mer!  De plus, faut voir les bons côtés, nous sommes passé d’un carénage de 5 semaines en 2010, à un carénage de 18 jours en 2011.  Deux fois moins long, un avenir prometteur!





Objectif 2012 :  On divise encore par deux; ce qui devrait nous donner 9 jours!   À suivre…